Tristan Baille : Marilyne Canto, bonjour ! Ravi de vous rencontrer !
Marilyne Canto : Bonjour !
Tristan Baille : J’ai vu que vous avez fait du théâtre, du cinéma, des séries, des films, des réalisations. Vous avez travaillé avec Jean Louis Barrault. Patrice Leconte. Vous avez joué dans « le bal des actrices » de Maiwenn. L’île aux 30 cercueils. Les petits meurtres d’Agatha Christie. Je pense que vous aimez la variété.
Marilyne Canto : C’est ce qui fait la particularité, le charme de ce métier. D’aller dans des univers différents. Avec des metteurs en scène différents. Et toutes ces rencontres, ces sujets, ces personnages !
Tristan Baille : Une préférence dans tout ça ?
Marilyne Canto : Je n’ai pas de préférence. Je me demande juste si je tiens à une histoire. Si je suis ravie d’une rencontre. Les rencontres déterminent beaucoup mes choix. Avec le réalisateur, ou la réalisatrice…Il y a le projet, évidemment, et il faut qu’il m’intéresse. J’ai juste l’envie de faire des choses que j’aimerai voir moi même, ou des choses auxquelles je crois.
Tristan Baille : Quelque chose qui vous touche.
Marilyne Canto : Oui. Je dois croire à un projet. Être sensible à la démarche d’un réalisateur, sensible à un rôle dans un téléfilm. Dans les séries, ce sont des metteurs en scène différents. Donc c’est le rôle qui prime, la plupart du temps, plus que la rencontre. Mais je dois toujours croire au personnage et à l’histoire.
Tristan Baille : Justement. Prépare t on un personnage de la même manière ? Est ce la même pression ?
Marilyne Canto : Oui, c’est la même pression. On veut bien faire. Donc à partir du moment où l’exigence est pour soi, vis à vis du projet, chacun est mobilisé. Après ça dépend aussi du metteur en scène. Il y en a que l’on peut voir plusieurs fois, avec qui on va répéter, parler des costumes, du personnage. Et d’autres qu’on ne voit pas du tout. On a le scénario mais on ne fera pas de lectures. On valide les costumes et on se retrouve sur le plateau. Ce sont des rencontres qui ont lieu quasiment directement sur le plateau. C’est une façon différente de rentrer dans le projet, mais pas seule. Car le scénario existe, on doit se fier à ce qui est écrit. À ce qu’il faut jouer. Voilà. Il y a des collaborations différentes et il faut s’adapter à chaque metteur en scène, projets. Mais dans tous les cas, le travail intérieur de « rêve » par rapport au personnage du film, il est le même. Si je ne vois pas beaucoup le metteur en scène avant, je vais moi même rêver du personnage, me dire « comment vais je l’interpréter ? », je vais penser aux propositions que je vais pouvoir lui faire. Mais dans tous les cas, c’est à peu près le même processus dans ce travail. Il faut arriver avec une espèce de désir et de proposition pour le metteur en scène.
Tristan Baille : À propos de travail, je sais que vous êtes liée à l’enseignement avec le Conservatoire et la Femis. Est ce aussi passionnant d’apprendre aux autres que de le faire soi même ?
Marilyne Canto : C’est passionnant. C’est un échange entre ce qu’ils m’apportent et ce que je leur apporte. C’est très joyeux. Jamais laborieux. Je pense que je leur transmets cette joie, cette passion. À chaque fois, cela donne des résultats assez incroyables de leur part. Leur engagement, la confiance qu’ils me font. Ça m’éblouît. C’est sidérant. J’adore ça.
Tristan Baille : Vous jouez dans le film de Costa Gavras « le dernier souffle ». Que diriez vous pour présenter votre personnage en quelques mots ?
Marilyne Canto : Ce film parle de la fin de vie. C’est l’histoire d’une amitié qui va naître entre un philosophe et un médecin. Je suis un peu la « passeuse » entre deux personnages. Je vais être à l’origine d’un livre qu’ils vont écrire ensemble. Je joue la femme de Denis Podalydes. Je suis celle qui va le soutenir. L’emmener vers cette collaboration.
Tristan Baille : Il y aussi Kad Merad.
Marilyne Canto : Il joue le médecin.
Tristan Baille : Est ce que finalement ce ne serait pas une bonne idée de mettre des philosophes dans ce milieu et dans d’autres ? Pour relativiser sur notre quotidien, notre travail, notre couple ?
Marilyne Canto : C’est vraiment ça dans le film de Costa Gavras. C’est une réflexion sur la fin de vie. Sur l’accompagnement. Sur la mort. Où on en est aujourd’hui, comment on a évolué sur le sujet. Ce film là n’est pas didactique, il fait réfléchir, il pose des questions sur nos proches, notre propre vie.
Tristan Baille : Sacré défi.
Marilyne Canto : Il y arrive. Car il passe par la poésie. C’est pas juste des idées. C’est pas juste « pédagogique ». Ça passe par l’humanité de ce médecin qui a plusieurs cas différents de fin de vie. Et il arrive à traiter ce problème politique mais avec beaucoup de poésie. Il est très fort.
Tristan Baille : Une rencontre vous a t elle apporté « le truc en plus ? »
Marilyne Canto : Il y en a plusieurs mais la rencontre avec Costa Gavras, le fait de parler de ce sujet là. Il a 90 ans. On sent que c’est une question personnelle. Evidemment. C’était bouleversant. C’est touchant de faire un film sur un tel sujet. Sinon juste avant j’ai travaillé avec un jeune réalisateur qui s’appelle Louis Farge. Ce fut une rencontre incroyable. Il est doué, humain. Je sais qu’on a envie de retravailler ensemble. J’ai de la chance. En voyant et en faisant des films, j’ai admiré tant de façons de travailler. Chabrol. Guedigian. Des personnes créatives, et pas forcément les plus connues. Ce sont des gens passionnés et passionnants, des gens qui vous entraînent. Vous parliez de Terzieff, et c’était l’obsession de la poésie, du texte, de la langue. C’est toute la beauté de ce métier. Parfois, je rencontre un acteur et je suis fascinée par son engagement et sa façon de travailler.
Tristan Baille : Merci Marilyne Canto ! Vous êtes dans le film de Costa Gavras « le dernier souffle ». Et toujours à l’affiche dans « 6 jours » de Juan Carlos Medina.
Marilyne Canto : Merci à vous.