Mossi Traoré vient d’une famille malienne. Il se passionne pour la couture dès le lycée. Il souhaite entrer à Mod’Art International et doit alors lire un bouquin sur l’histoire de l’art.
Mais après avoir découvert une exposition sur Yohji Yamamoto au MAD, créer devient une seconde nature. Adieu les études et le diplôme. Il travaille car il faut bien vivre et, en 2011, il expose un projet de défilé à la journaliste Janie Samet.
Il rencontre Didier Grumbach, président de la Fédération de la haute couture et de la mode. La fashion week est alors un spectacle incroyable. Une explosion d’idées. Un grand moment. Mais son défilé marque aussi la découverte des obstacles. De l’imprévu. De nouvelles problématiques.
Après une collaboration avec la styliste Chinoise Zhen, il va oeuvrer pour un nouveau départ de sa marque Mossi.
En 2020. Autre collection. Et dans le calendrier officiel de la Fashion week s’il vous plaît, sans oublier le « Made en banlieue » sur le logo. Explicite. Affirmé.
Il obtient le prix Pierre Berge, puis il est choisi pour être dans les marques à la SPHÈRE Paris Fashion week showroom.
Aujourd’hui ? Je visite les ateliers Alix.
Le discours est engagé. Avec la quête d’une mode accessible. Différente. Sociale. Tout en s’inspirant de Giorgio Armani, Galliano (il se rappelle du travail fascinant sur Jeanne d’Arc) et Issey Miyake. Il se souvient également des loups d’Alexander Mc Queen.
J’écoute parler le styliste. Il est fascinant. Il aime le cinéma indien. Le sari. Il me montre divers tissus. Le vêtement devient vite une œuvre d’art quand je découvre ses créations et collaborations. Les sculptures de Simone Pheulpin. Le calligraphe Hassan Massoudry qui inspire un drapé unique. Lee Bae et la quête esthétique dans le noir du charbon non fossile.
Il va même jusqu’à sculpter le textile, tout en travaillant avec le peintre malien Ibrahim Ballo avec des imprimés saisissants.
J’ai lu que le magazine « Vogue » décrit Mossi Traoré comme un « créateur engagé, qui fait de la mode un moyen d’expression social positif. »
En 2015, il est à l’origine de l’école Les Ateliers Alix. Un hommage à Madame Grès dont il se souvient d’une rétrospective au Musée Bourdelle.
Les techniques de la Haute Couture. Et 3 ans de formation continue. C’est ouvert au grand public, et je vois qu’il y a du monde dans les salles. Une élève lui pose d’ailleurs de nombreuses questions à notre passage. C’est un lieu vivant où la moindre robe peut créer un job.
Les jeunes peuvent s’initier à la photo, à la maroquinerie, la corseterie, la broderie, les matières comme le cuir ou la création de bijoux.
Le styliste Mossi Traoré imagine des looks différents, audacieux, se libérant en créant, en allant là où on ne l’attend pas (organisant un jour un défilé au Père Lachaise).
Chaque robe est un défi, un challenge, une passion créative. Ses tenues racontent son vécu, ses voyages, du Taj Mahal à des bidonvilles indiens, au contact des gens vrais, des choses sincères, conscient qu’exercer ce métier est un privilège, une authenticité que l’on pourra revoir à la Fashion week de Mars, pour le prêt à porter féminin.
Ses idées viennent du cœur. Il est le trait d’union entre la cité et le Sacré Cœur. Entre Paris et la banlieue, il espère transmettre un patrimoine, tente d’inventer la mode de demain, celle d’un vêtement avec la terre des chantiers (je l’ai vu), ou bien avec la caséine de lait pour base (incroyable), le caoutchouc…c’est une recherche constante pour, pourquoi pas, créer de l’emploi, amener de nouvelles ressources et contribuer à la création d’une nouvelle filière.
Mossi Traoré, c’est la Tendance authentique.