C’est une entrée dans un autre monde. Buenos Aires. Une piste pour danser. Comme une parenthèse, un songe et sa milonga. Le bar et son ambiance magique. Dans l’âme Argentine.
Des hommes et des femmes qui s’approchent, se toisent, se testent, se parlent sans prononcer un mot. Entre provocation et amour. Quête d’un passé que l’un veut oublier et l’autre rattraper.
Le personnage de Jeanne qui est attirée comme un papillon vers une lumière sur un parquet de mouvements. Jeanne pleine de rêves et d’espoirs. Juan plein de souvenirs et de souffrances, de déceptions et de plaisirs. Dans et pour la danse.
Et un chant retentit, vibre. Au son d’un bandoneon. Mme Noguerra et sa voix touchante. Une image du passé qui ressurgit. Et le tango se révèle, survivant de l’horreur. Libre. Intense.
C’est Philippe Cohen Solal, qui a co fondé « Gotan Project » qui offre cette musique que les danseurs embrassent. À travers le temps. Une époque difficile qui a fait couler beaucoup d’encre et de sang.
Une dictature que le tango balaie de sa puissance, de sa beauté. Malgré les mères qui exigent leurs enfants. Avec ses corps qui s’enlacent. Comme une renaissance. Un appel à se soulever, à se souvenir, à vivre intensément.
Le tango illumine la scène. Semble contenir une énergie avant d’exploser. Les corps et leurs désirs, leurs passions entre les ombres et les couleurs sanglantes.
Elodie Menant, comme à la Scala dans « la peur » de Zweig, est époustouflante. Envoûtante. Mystérieuse. Il y a du vécu et de la sincérité dans son jeu. Son monologue sur l’amour est incroyable.
Le spectacle est esthétique avec sa scénographie, ses rideaux joueurs, ses tables anciennes de bistrot. Tout en conservant une certaine élégance pour la Milonga, bercée d’images bien réalisées, avec une transparence fantomatique, douce. Une Milonga pour se souvenir. Entre la nostalgie mélancolique des archives et un lien avec aujourd’hui.
L’amour et le tango sont les personnages principaux de ce spectacle. L’amour qui est derrière soi. Qui marque au fer. Qui fait mal.
Mais la chorégraphie classique et parfois contemporaine va les sauver. Les danseuses volent avec sensualité. Les jambes, les bras, les têtes, les cambrures, les nuques, les cheveux, les corps s’offrent avec poésie et se fuient, c’est sublime. D’une force et d’une pureté déroutante.
Par Tristan Baille
DISTRIBUTION :
ÉLODIE MENANT
HELENA NOGUERRA
RODOLFO DE SOUZA
JULIO ZURITA
MAURO CAIAZZA
SABRINA AMUCHÁSTEGUI
FERNANDO ANDRÉS RODRÍGUEZ
ESTEFANÍA BELÉN GOMEZ
JUAN CUPINI
CARLA DOMINGUEZ
AURÉLIE GALLOIS
ANNE LE PAPE
PATRICIO BONFIGLIO
AUTEUR LIVRET
SANTIAGO AMIGORENA
METTEUR EN SCÈNE
MARCIAL DI FONZO BO
MUSIQUE
PHILIPPE COHEN SOLAL
(GOTAN PROJECT)
SCÉNOGRAPHIE
ALBAN HO VAN
VIDEO
NICOLAS MESDOM
LUMIERES
DOMINIQUE BRUGUIÈRE
COSTUMES
PIERRE CANITROT
AU THÉÂTRE MARIGNY
À PARTIR DU 16 MAI 2024
Du mercredi au samedi à 21h
Le samedi et dimanche à 16h