Le « petit coiffeur » est grand. Cette pièce écrite, adaptée, avec la mise en scène de Jean Philippe Daguerre est un subtil mélange de peur et d’humour, de suspense et d’amour, une pièce nominée au Molière 2022 de « meilleur auteur francophone vivant ».
Chanteur, comédien, Jean Philippe Daguerre a fait la mise en scène d’une 30ne de spectacles. « La belle vie. Les femmes savantes. Cyrano. Les fourberies de Scapin (nominée au Molière), Le Cid », ainsi que de nombreuses adaptations réussies pour les jeunes comme : « Aladdin. Alice au pays des merveilles ».
Jean Philippe Daguerre est également le directeur artistique de la compagnie « le grenier de Babouchka ».
Et cette pièce ? Ce petit coiffeur ?
L’idée de départ ? Une photo de Robert Capa. La tondue de Chartres. Une femme tondue à la libération. Un enfant dans les bras. Une foule en colère. Rien de réjouissant, je le concède. Mais…
Vient l’idée d’écrire sur le coiffeur qui va s’occuper d’elle. Un vrai lien entre eux malgré le contexte instable de l’époque. Un quotidien difficile.
Et pourtant Jean Philippe Daguerre réussit le pari fou d’émouvoir. Le sujet a beau être grave, il y a de la poésie. Et on passe parfois d’un sourire aux larmes en un instant. Un murmure. Une angoisse. L’angoisse en dépit de la fin de l’occupation. La tension des souvenirs et des blessures plane dans l’air. Les règlements de compte. Chartres est dans une liesse apparente car la colère sommeille dans le sang des rues.Notamment la rue où Pierre est coiffeur. C’est une affaire de famille (Giraud). Le père n’est plus de ce monde. Et Marie (gloire de la résistance), gère les femmes. Orientant parfois celles ci vers son fils. Je n’en dis pas plus. Sinon que ce texte est profondément humain. Touchant. Troublant, parfois. Il y a de la danse. Solo. Duo. Sensualité. Tendresse.Les personnages entrent dans le salon et les émotions envahissent la scène. Croyez moi…Le petit coiffeur a du cœur. Le contexte est sombre et on finit même par l’oublier. Je repense d’ailleurs à la pièce « Adieu Mr Haffman ». 4 Molieres en 2018. Je retrouve une sorte de nostalgie similaire dans l’ambiance. La musique. Les silences si bavards. Le courage et la bonté de la mère dont un monologue remue les entrailles. Le moment le plus marquant selon moi de cette pièce.Les décors de Juliette Azzopardi sont parfaits. Judicieux. Ils pivotent dans un rythme soutenu. Les costumes s’avèrent efficaces. Et la musique accentue les tensions et libérations des personnages.
Décors : Juliette Azzopardi
Lumières : Moïse Hill
Costumes : Alain Blanchot
Chorégraphie : Florentine Houdinière
Musiques : Hervé Haine
Assistant à la mise en scène : Hervé Haine
Avec, en alternance : Félix Beauperin, Pierre Benoist, Raphaëlle Cambray, Arnaud Dupont, Brigitte Faure, Romain Lagarde, Charlotte Matzneff, Sandra Parra, Thibaut Pinson,
Julien Ratel, Thierry Sauzé