« le mystère Sunny » au théâtre Montparnasse

« le mystère Sunny » au théâtre Montparnasse

C’est passionnant. Patrick Chesnais est d’un cynisme presque machiavélique. Il se fait charmeur, manipulateur. En apparence nonchalant. Nicolas Briançon, l’avocat dans sa gestuelle mondaine, dissimule bien son jeu. Il n’est pas tant manipulé que ça. C’est hypnotisant.
Alain Teulié est parti d’un fait divers célèbre. L’auteur captive les spectateurs avec son texte, inspiré par tant de faits croustillants. Le coma puis la mort de Martha Von Bulow (surnommée Sunny). Des mensonges. Le milieu où l’argent coule à flots. Les sentiments exaltés par la trahison. Claus a t il assassiné son épouse pour son amante secrète, actrice de surcroît, Alexandra Isle ?Les médias vont jeter un adultère en pâture au public, avides de détruire ces vies de luxe, de pouvoir. Alain Teulié dévoile un Alan Dershowitz désormais célèbre. Moins dupe. Moins naïf. Et son ancien client semble joueur et parfois sensible. Peut-être se moquent-ils de nous….Peut-être est il un tueur…
La pièce montre du respect et de la colère. Des questions et des réalités. C’est une vraie réussite.
Quand j’ai rencontré les deux comédiens au théâtre Montparnasse, leur complicité est d’ailleurs évidente, comme sur scène. Après plusieurs lectures, dont le livre écrit par l’avocat, des recherches, de nombreuses questions et beaucoup de travail, ils se positionnent sur ce fait divers qui est finalement une fiction et, se nourrissant des articles de l’époque, montrent tout leur talent. La situation, l’époque, les rôles, forment une sorte de shaker dont le contenu surprend les spectateurs.
Von Bulow vient, acquitté, sauvé de la prison par cet avocat qui le reçoit à New York et, finalement , ils se sont quittés sans vraiment tout se dire.
La mise en scène de Dominique Guillo est minutieuse. Précise. Tout semble si naturel. La neige. Les lampes. La rumeur d’une ville qui ne sort jamais. Noël. La ville de New York. Le mobile qui accusait le veuf. Il s’agit tout de même de 14 millions de dollars. Tout accablait cet homme…et il est acquitté, plus tard. Et le brillant metteur en scène joue avec notre doute, nos questions. Les caméras ne sont plus sur le dandy. Le temps est passé. C’est maintenant un doux affrontement, un fait divers un soir d’hiver. L’Amérique était choquée et on sort songeur du théâtre, comme mordus par un vampire qui apparaît et disparaît avec panache.
La rencontre est donc une lutte verbale en plusieurs étapes. Ce qui est dit. Ce qui ne l’est pas. Le silence est bavard. La discussion s’envenime, s’apaise, le rythme reprend comme la pulsation d’un cœur. Du rire. Une gêne. La vérité est presque là, elle se dessine puis s’évapore comme la neige dans les lointains. 
Les spectateurs s’interrogent, se font mener en bateau par la mise en scène affûtée. Le suspense se réfugie dans chaque non-dit. Chaque geste. Chaque regard. Et le décor augmente la tension qui flotte dans l’air du théâtre. Le jeu se fait enjeu.
Le tête à tête offre des rebondissements. Von Bulow (Patrick Chesnais) et son avocat Alan Dershowitz (Nicolas Briançon) nous mènent par le bout du nez, avec cette vieille histoire mêlant l’amour et le sordide. Jusqu’à la fin.
La mise en scène donne à réfléchir. Qu’est ce qui motive nos actes ? Qu’est ce qui fait que notre vie bascule ? Que ceux qui semblent avoir tout paraissent finalement si désœuvrés ? 
L’avocat s’immisce, curieux, dans le passé du client. Le client joue avec le feu, avec nos nerfs. Est-il innocent ? Est-ce un jeu ? De la folie ? Pourquoi ce faux évanouissement ? Pourquoi sentons nous ce mal être ? Il reste souvent vague, prudent, en dépit des phrases qui fusent. Frappent. Les deux comédiens incarnent parfaitement leurs personnages.
Les répliques montrent la cruauté de la vie, des situations, des volontés. Des opinions. Les mots culpabilité et innocence prendraient bien des nuances. S’embrasseraient presque. L’énigme mijote sur le plateau élégant, jusqu’au rideau qui se baisse. Et encore. Le doute subsiste.
Le décor est grandiose. Bluffant. Un véritable appui pour deux interprètes qui jouent un jeu dangereux et parfois drôle.
Cela fait pourtant dix ans que le verdict est tombé. Von Bulow et Alan Dershowitz s’offrent une dernière confrontation à New York. Qui manipule qui ?
Le crime sera t il avoué ? 
Et pour les spectateurs…C’est sublime de subir, d’attendre une vérité qui ne viendra peut être pas. Les deux acteurs révèlent leur talent dans ces personnages puissants, calculateurs.
Bon sang…Claus a t il tué sa femme ? La mort est toujours là. Elle rode derrière les mots. Et l’acquittement semble même un peu en suspens. Comme si le passé réveillait un cauchemar. 
Les deux hommes se toisent fièrement. La tension est à son comble et le spectateur se surprend parfois à rire ou sourire. 
Venez découvrir cette intrigue au théâtre Montparnasse, où la lumière elle mêle semble vous prendre dans les bras pour vous étouffer, pour votre plus grand plaisir.
Par Tristan Baille.
Le mystère Sunny
Une pièce d’Alain Teulié

Mise en scène Dominique Guillo

Avec Patrick Chesnais et Nicolas Briançon
Décor : Jean Hass
Costumes : Jean Daniel Vuillermoz
Lumières : Laurent Beal
Les mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 21h
Samedis à 17h30
Dimanches à 15h30
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