Une vraie Lady
Lady Agatha. Au Théâtre de la Michodiere. Un rythme fou pour l’âme du crime. On entre dans le passé d’une femme unique. Agatha Christie. Une épopée à travers le monde et sur une scène. C’est rythmé. Vivant. Du théâtre comme on aime.
C’est drôle. Bien ficelé. Original. Un équilibre entre la fantaisie, l’espièglerie d’un enfant et l’intelligence, la ruse d’un adulte.
Qui était elle vraiment, elle qui a vendu tant de livres ? La romancière est un mystère à l’image de ses romans.
Son existence a de quoi surprendre. Un vrai spectacle plein de rebondissements. De décors qui s’animent. De musiques et de chants.
La mise en scène met remarquablement en lumière la vie passionnante de cette femme. C’est magistral. Un réel hommage en presque deux heures de spectacle sans entracte.
Bravo à Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos pour cette épopée inédite. Cette mise en scène…J’ai ri car les idées fusent. Les caisses qui se déplacent. Train. Avion. Voiture. Objets. Il y a certes un aspect clownesque. Déconcertant au départ mais vraiment habile.
Miss Marple et Poirot sont présents, bien entendu. Les comédiens se donnent corps et âme dans cette pièce parfois émouvante. Agatha (Camille Favre-Bulle) est divine. Amusante. Joyeuse. Au cœur de la magie du théâtre. Ça chantonne. Entame quelques pas de danse parmi les pays, au cœur de l’aventure avec un brin de folie contrôlée. Les plateaux sont présentés astucieusement. Avec une variété pleine d’ingéniosité.
Et on se rend compte que cette femme avait bien de courage. Elle vivait des situations aussi complexes que ses personnages, entre les guerres, les amours perdus, le manque des parents, le premier roman.
L’écriture surgit parmi les surprises. Les souffrances. Bien des obstacles dans un monde d’homme. Mais Agatha était têtue, avec de l’encre de sa machine à écrire pour sang.
Quelle femme !
Les costumes et accessoires sont judicieusement utilisés. La lumière accentue l’aspect nostalgique de certaines situations, avec un parfait équilibre avec l’énergie débordante de la troupe.
L’idée de voir Hercule Poirot et Miss Marple qui l’accompagnent est vraiment bonne. Des amis. Des conseils. Des disputes. Des doutes. L’intrigue avance à travers leurs points de vue, leurs fausses querelles.
Le texte est un vrai tremplin pour le rêve. J’ai eu la sensation de voyager au cœur de l’histoire. De souvenirs. C’est si créatif. Tout en apprenant bien des éléments inconnus de cette « reine du crime », face aux éditeurs récalcitrants au départ ! Son enfance. Ses cours. Sa jeunesse pleine de projets. Elle finira devant la reine d’Angleterre qui lui murmurera :
« C’est la première fois que je rencontre quelqu’un de plus connu que moi ! »
Camille Fabre Bulle…et bien merci ! Votre façon de prononcer « poireaux » vaut le détour ! À travers les anecdotes, les problèmes de couple, le détective qui se transforme dans son esprit, la réception avec la reine…la comédienne réussit à émouvoir. À marquer les esprits.
La salle applaudissait avec quelques larmes aux yeux, surprise par le cœur de cette femme symbole de réussite, d’abnégation.
La comédienne chante juste, danse, pendant que la Remington libère les images de sa famille. L’écho des bombes toujours proches. Ses amours. Ses rencontres. C’est pétillant de vie. De générosité. Même quand les parents quittent leurs enfants.