L’histoire est une mauvaise réplique.
Et le théâtre tente de créer une prise de conscience. Une révolution. De montrer la décadence et la beauté. La générosité et les utopies. Nostalgique et plein d’espoir après Charlie Hebdo, après le Bataclan. Après le Covid et j’en passe…
Avec à sa tête Jean Bouquin, sur le boulevard du crime et des Enfants du Paradis, il y a un flambeau qui brille encore. Avec la même énergie depuis plus de 40 ans. L’énergie de Coluche.
Sur le boulevard du crime. Le théâtre Déjazet.
C’est Virginie Déjazet qui donne son nom au théâtre. Au 19 eme siècle, la « vie parisienne » est un bonheur. Le théâtre Déjazet ? Mais c’est en fait un ancien jeu de Paume ! Construit en 1770 par le comte Artois (futur Charles 10).
Et aujourd’hui ? Les gens se baladent toujours. Ils se promènent. Ils entrent dans le théâtre. Ils ressentent le besoin de se faire plaisir. De s’amuser. De s’émerveiller.
Dans le passé ? Des tréteaux, de simples baraques. Pas moins de 20 théâtres. Les gens entraient et sortaient des cafés. Des marionnettes semblaient presque s’y attabler, au son des cabarets. Saltimbanques. Créations éphémères. Gloires des rires à une époque où les crimes étaient monnaie courante.
Jean Bouquin respire cette histoire. Son passé et son présent.
Il se souvient des renommées des uns et des autres.
Des éclats de l’histoire de son établissement. Des comédiens qui entrent en scène. Du passé. Il fait des recherches. Narre des anecdotes.
De Frédérick Lemaître aux drames de Dumas. L’art et la littérature sont là. Dans l’âme de ce directeur. Il s’anime. Il grouille d’idées autant que de souvenirs.
Rendez vous compte !
Mozart s’y est produit…devant la reine Marie-Antoinette !
Et l’esprit de fête perdure quand on l’écoute, le grand Jean. Et son théâtre Déjazet. Merveille de théâtre à l’italienne. Temple des comédies. Des opérettes. Des vaudevilles. Des tragédies.
En 1862, tous les théâtres du boulevard furent démolis. Les gens se plaignent. À grands cris et pétitions…rien à faire ! Bien des salles vont disparaître.
Quant au théâtre Déjazet, il en réchappa… pour l’unique raison qu’il se trouvait… sur le mauvais trottoir (côté impair du boulevard). Un combat complexe. Qui n’est jamais fini. Puisque renflouer les caisses n’a jamais été une évidence.
Jean Bouquin est lui aussi toujours là. Derrière le guichet. Il parle au milieu de la foule. Il contrôle.
La salle ne deviendra pas un cinéma, un fast-food, un supermarché ou un parking. Il se bat pour ce patrimoine. Sans aucune subventions. Bien des travaux sont faits.
Coluche fait sa réouverture le 1er février 1977 ;
depuis se sont succédés : Léo Ferré, Gréco, Moustaki, Jean Guidoni, Catherine Lara, Véronique Sanson, Anna Prucnal, ainsi que de très nombreuses pièces de grands auteurs, de nombreuses créations qui permettent de remporter 3 Molières en 3 ans.
Je lève la tête …ce plafond peint de 120 m2 ! Il retrace toute cette histoire. Ces grands noms…
Amadeus Wolfang Mozart, Offenbach, Juliette Gréco, Anna Prucnal, Anne Sylvestre, Armand Mestral, Axel
Bauer, Benabar, Bernard Sauvat, Boris Bergman, Brigitte Fontaine, Carole Bouquet, Carole Laure, Catherine Lara, Chevalier et Laspales, Christian Paccoud, Christian Vadim, Christophe, Claude Bolling, Claude Nougaro, Colette Magny, Colette Renard, Coluche, Cora Vaucaire, Didier Gustin, Eddy Mitchel, Elie Kakou, Fernandel, Font et Val, Francis Lemarque, François Beranger, Gad Elmaleh, Georges Moustaki, Géraldine Danon, Gérard Pierron, Gilbert Laffaille, Graeme Allwright, Gregory Charles, Herman Van Veen, Isabelle Boulay, Jacques Weber, Jean Guidoni, Jean Luc Lahaye, Jean-Jacques Vannier, Julie Zenatti, Juliette, Laurent Gerra, Le Quatuor, Leny Escudero, Léo Ferré, Les Chevaliers du fiel, Bénureau, Louis
Capart, Louis Chedid, Lynda Lemay, Marc Ogeret,
Marie-Josée Vilar, Mathieu Almaric, Maurane, Maurice Baquet, Michel Jonasz, Michel Muller, Mickael Lonsdal, Mimi Mathy, Mouloudji , Myriam Boyer, Nicole Croisille, Paco Ibanez, Alain Chamfort, Pauline Julien, Pierre Louki, Roland Magdane, Serge Utgé-Royo, Simone Langlois, Stéphane Guillon, Sylvie Joly, Téléphone, Thomas Dutronc, Thomas N’gijol, Valérie Lagrange, Véronique Pestel, Véronique Sanson, Vince Taylor, Vincent Delerm, Xavier Lacouture, Yves Duteil et tant d’autres encore.
Parce que Jean Bouquin est là. Parce qu’il le sera toujours.