LE REPAS DES FAUVES
La pièce fut refusée au départ. Et des années plus tard, les trophées sont au rendez vous pour « Le repas des fauves ». Ce genre de revanche est un délice à découvrir. 

Comme le dit Molière, « le non est un oui qui a besoin de temps pour éclore. » 

Un texte de Vahe Katcha adapté pour le théâtre. Le film de Christian Jaque avait quant à lui servi d’inspiration à l’auteur. Avec des décors et un film d’animation. 
Pour commencer…
Le contexte de l’occupation. Le couvre feu. Ce qui est sur la table vaut le détour à une telle époque. Thierry Fremont nous régale. Ça sent la comédie légère. Sauf que des tirs résonnent tout à coup. Des Allemands décèdent en bas. Un officier, SS, arrive. Effrayant de froideur. De pouvoir. 
Les invités n’ont pas le choix. C’est eux qui vont décider qui va le suivre. Et il y en aura deux. Qui est présent ? Un collabo. Une résistante. Un prof de philo. Un docteur. Un rescapé non voyant. Un libraire et sa femme. 
Deux heures pour se mettre d’accord. Qui va descendre ? C’est là que tous les coups sont permis. Évidemment. Sous le regard du SS qui paraît presque amusé par la situation. La cruauté des hommes n’a alors pas de limites. Les anciens amis ne se font pas de cadeaux. Mauvaise foi. Hypocrisie. Mensonges. Révélations. Manipulation et arguments malsains. Racisme. Sacrifices. Fausse grandeur d’âme. Des amis rattrapés par l’histoire. L’acrimonie totale sans souffler les bougies.
En 2011, la pièce reçoit le Molière de la meilleure pièce de théâtre privé. La meilleure adaptation. Et la meilleure mise en scène. Mais le succès était déjà là avec le bouche à oreille. Il reste peu de places à l’Hebertot. 
Vahe Katcha ? Un journaliste arménien vraiment talentueux a eu l’idée originale. Décédé en 2003. En laissant ce bijou remarquablement adapté. Cette angoisse jusque dans les silences. Les gestes. Les déplacements. Les regards. Les spectateurs sont accrochés aux moindres paroles. Et quand le SS revient pour chercher ses otages….le pire c’est que…
Le repas des fauves a le mérite de faire rire malgré une situation terrible. C’est une comédie vraiment originale et tragique. 1942. L’occupation. Et pourtant…Au départ, c’est un anniversaire. Il y a des cadeaux. De la joie comme des bulles de champagne. On tente d’oublier la guerre. Mais l’appartement devient le théâtre d’un affrontement immonde. Ironique. 
La Gestapo attend tranquillement les futurs otages. Ce sera au dessert que le commandant Kaubach fera son devoir. Il attendra tout ce temps car il connaît le libraire. Qu’il apprécie. Un peu.
La panique est dans l’air. Chacun devient lâche. Touchant. Énervé. Seules les deux femmes restent assez dignes, finalement. 
La mise en scène déclenche des émotions extraordinaires. Les spectateurs sont comme enfermés dans cet appartement. Le suspense s’intensifie de minutes en minutes. Les images d’archives participent au huis clos. Le plus terrible, c’est que…Avant que les Allemands les embarquent, c’est déjà de la folie. C’est infernal. Efficace. Sans possibilité de fuite.
Comment peut-on rire d’un tel drame ? C’est pourtant ce qui arrive. Les comédiens sont si talentueux. L’occupant s’efface. L’occupé nous préoccupe. Ils se révèlent impitoyables les uns avec les autres. Comme si le SS était déjà parmi eux. La honte se révèle. L’amitié n’est plus. La grande pièce est là. Sous nos yeux. Pour notre plus grand bonheur.
La distribution : Cyril Aubin. Olivier Bouana. Stéphanie Caillol. Sébastien Desjours. Benjamin Egner. Jochen Hagele. Stéphanie Hedin. Jérémy Prévost. Julien Sibre. Barbara Tissier (qui double Cameron Diaz). Alexis Victor (Bradley Cooper). Caroline Victoria (Anne Hathaway). 
La lumière : Jean François Domingues
La scénographie : Camille Duchemin
La réalisation graphique : Cyril Drouin (bravo pour le noir et blanc des images qui augmente l’atmosphère pesante).
Costumes : Melisande de Serres 
Musique : Jérôme Hedin

Loc : 0143872323

Du mercredi au samedi à 21h, les samedis à 16h et les dimanches à 15h
Représentation exceptionnelle supplémentaire le 31 décembre à 20h30
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